Frères et soeurs sans rivalité [avis de lecture]

Un livre que j'avais vraiment hâte de lire, mais impossible de le trouver en librairie. Heureusement, j'ai pu le réserver dans ma bibliothèque (ai-je déjà mentionné ô combien ma bibliothèque est génialissime ?!)
Même si mes enfants sont encore petits (1 et 3 ans), j'ai très envie de les voir complices et pas toujours en train de se chamailler comme mes terribles neveux. Bref, j'en attendais beaucoup de ce livre...

C'est koââ l'histoire ?
Comme le dit plutôt bien le titre, dans ce livre, le sujet principal, c'est les relations fraternelles, et la façon de les développer harmonieusement, tout en évitant les conflits.

Les 2 auteurs (Adele Faber et Elaine Mazlish) parlent d'une seule voix, à la première personne du singulier comme si elles ne faisaient qu'une, et qu'elle racontait un atelier qu'elle anime avec un groupe de parents.
Chaque chapitre se décompose de la même façon : elle présente la thématique au groupe de parents, ils réagissent en évoquant les situations qu'ils vivent au quotidien. Ils cherchent ensemble des solutions. Puis ils se revoient lors d'une séance suivante où ils débriefent de la façon dont les parents ont mis en place les solutions, ce qui a marché, ce qui n'a pas fonctionné, comment les enfants ont accueilli leurs efforts... Les chapitres sont très vivants, car ils sont la transcription d'un échange entre les parents et l'animatrice, comme si l'on était dans la salle nous aussi.

En résumé

Le livre se compose de 7 chapitres qui traitent chacun d'une thématique bien particulière :

I- Frères et soeurs, de l'enfance à l'âge adulte - c'est un peu une introduction, car le groupe évoque ses propres souvenirs d'enfance, et comment chacun a vécu avec sa fratrie et la façon dont ça a pu le modeler jusqu'à l'âge adulte.

II- Accueillir ce qu'ils ont sur le coeur - Pour ceux qui ont déjà lu Parler pour que les enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent des mêmes auteurs, ce chapitre aura des relents de réchauffé. On évoque la fameuse méthode (très efficace) qui consiste à écouter ce que l'enfant dit sans l'interrompre ou le juger, puis reformuler son émotion ou son sentiment. Ensuite, on exprime le besoin de l'enfant par rapport à son frère ou sa soeur, etc.

III- La comparaison, une pratique dangereuse - Ce chapitre montre quels sentiments animent un enfant que l'on compare à un autre (pour une comparaison en mal comme en bien d'ailleurs), et donne des solutions pour éviter de le faire, notamment en décrivant la situation. Par exemple, au lieu de dire "pourquoi ne peux-tu pas ranger tes affaires, comme ton frère le fait ?", on dit plutôt "oh, je vois tes affaires mal rangées"... 

IV- Donner pareil, c'est donner moins - un chapitre qui traite de l'équité entre frères et soeurs, le fameux "je vous aime tous pareils". La solution est de toujours centrer la discussion sur l'enfant à qui l'on parle, ses sentiments et ses besoins, qui sont uniques (et ne se calculent pas en fonction de ceux de ses frères et soeurs), pour éviter de jouer l'arbitre, de se justifier lorsqu'on donne plus à l'un et moins à l'autre... Par exemple, à un "mon frère a eu plus de viande que moi", on pourrait répondre "oh, j'ai l'impression que tu as encore faim ? Tu veux encore de la viande ?

V- Frères et soeurs dans leurs rôles - ici, les auteurs parlent des rôles qu'on attribue aux enfants, même sans y voir de mal : l'aîné responsable et le cadet bébé, le sage et l'effronté, l'intellectuel et le sportif.... mettre des enfants dans des cases, c'est peut-être passer à côté de leur vraie personnalité... Elles parlent également des rôles de victime et d'agresseur, et comment rétablir un équilibre, donner un coup de pouce à la fois à celui qui est dans un rôle perpétuel d'agresseur, et celui qui est dans le rôle du faible.

VI- Quand les enfants se disputent - forcément, LE chapitre que l'on attend, comment résoudre les conflits ! Rien de nouveau sous le soleil quand on a déjà lu les chapitres précédents et le livre "Parler...", mais pour avoir testé, je confirme que ça ne marche pas trop mal. L'idée principale, c'est de ne PAS prendre parti ni pour l'un ni pour l'autre, ne pas vouloir savoir qui a fait quoi, et ne pas devoir arbitrer le conflit. On se contente de faire le relais de leurs sentiments "Charline, tu me dis que Loriane t'a volé ta poupée. Et toi, Loriane, tu me dis que la poupée est à toi". Puis on synthétise la problématique "il s'agit d'une situation difficile, 1 seule poupée pour 2 enfants". Et... on s'en va. Oui oui, on s'en va !! Non sans dire quelque chose du style "je suis sûre que toutes les 2, vous pouvez trouver une solution qui vous conviennent à l'une comme à l'autre".

VII- Faire la paix avec le passé - un dernier chapitre qui traite moins de l'aspect éducation des enfants mais plus des relations fraternelles des parents, et notamment de la façon dont certains, à la suite des ateliers, ont pu renouer des liens avec leurs frères et soeurs, ou alors oser parler à leurs propres parents des attitudes ou des mots qui les avait blessés lorsqu'ils étaient enfants, et en relation avec leurs fratries.

Ce que j'en ai pensé
Au niveau de la forme, c'est un livre assez bien fichu, car il est très facile à lire. Le livre est construit à partir des témoignages des parents, donc forcément, on s'y retrouve toujours, et on a vraiment l'impression que cela nous parle. En plus, les auteurs nous forcent à nous mettre à la place de l'enfant, et à réellement écouter ce qu'on leur dit... et là on se rend compte que l'on peut vexer, blesser, même si ce n'est pas notre intention !
Par rapport à Ecouter pour que les enfants parlent, parler pour que les enfants écoutent (c'est l'inverse, non ?), les auteurs n'ont rien inventé de vraiment nouveau, elles ont juste appliqué leur méthode sur le sujet des frères et des soeurs.
Cependant, j'ai trouvé très intéressant le chapitre sur les rôles, les cases dans lesquels on enferme nos enfants. Les miens sont petits pour l'instant, mais c'est si vite fait de dire "oh la Miss est hyper gentille et sage. Titom est beaucoup plus fonceur et a son petit caractère têtu". Là, j'ai vraiment pris conscience du fait que oui, mes enfants sont différents. Mais attention à moi de ne pas les enfermer dans une case séparée et hermétique. Et puis la Miss aussi est têtue d'abord !
En fait, c'est là la force de ce livre : nous faire prendre conscience des petites bévues que l'on peut dire ou faire au quotidien, et comment 1- s'en rendre compte dès qu'on les dit, et 2- rectifier le tir.
J'aime aussi les petites astuces, les tournures de phrases proposées. Chez nous pour l'instant, ça marche assez bien, parce que même à 1 et 3 ans, les disputes pour un unique jeu, on les a ! Savoir quoi dire et quoi faire nous aide clairement à gérer les crises et même à désamorcer la dispute !

Ce que je vais appliquer au quotidien
Forcément, éviter d'enfermer mes enfants dans des rôles, aussi bien au niveau de leur place dans la famille ("la grande" et "le petit") que dans leur différence de caractère.

On comparait déjà peu à la maison, mais j'ai encore mieux pris conscience du caractère blessant que cela peut avoir, et de la façon dont les relations entre frères et soeurs peuvent s'en ressentir. 
Et en disant ça, je bénis les Dieux de m'avoir fait enfant unique, parce que je pense que je haïrais mon frère ou ma soeur si j'en avais, mes parents étant les rois de la comparaisons vexantes. Pendant mes études, j'ai détesté à mort le fils d'un collègue de mon père qui soit-disant bossait tous les soirs jusqu'à pas d'heure, et tout le WE sans s'arrêter pendant que "je ne glandais rien", et qui a réussi, qui a fait ça et puis ça, et qui a un super salaire et gnagnagna. 👹

J'ai bien noté l'astuce sur le fait de recentrer la discussion sur l'enfant, et elle marche du tonnerre. Du genre "la Miss, viens mettre ton pyjama !" "Oui mais mon petit frère il fait ça bla bla bla, (description de bêtise en cours, histoire de gagner du temps et de ne pas mettre son pyjama)" "Ma Miss, je parle de TOI là maintenant, et pas de ton frère. C'est à toi que je demande de mettre ton pyjama". Et paf dans le pif ! Je déteste les situations de rapportage, je déteste les rapporteurs, et je n'ai pas envie d'encourager ce type de discours à la maison.

Et enfin, la grosse astuce sur la dispute vient à point nommé maintenant que Titom commence à être assez fort pour ne plus se laisser piquer les jouets qu'il tient dans les mains, voire même pour piquer les jouets que sa soeur tient dans les mains ! A la maison, pour l'instant, ça marche nickel dans la version de base, à voir si cela va suffire !

Quelques citations pour bien terminer
"Je me suis souvenue qu'enfant, mon frère et ma soeur me trouvaient encombrante, comme si j'avais toujours dans leurs jambes. Et même en tant qu'adulte qui réussit assez bien sa vie, j'ai encore parfois l'impression d'être de trop. Je me suis adressée au groupe : "je me demande si ce serait exagéré de dire que notre vécu avec nos frères et nos soeurs peut influencer nos actions, nos pensées et l'image que nous avons de nous-mêmes aujourd'hui ?"

"Au lieu de démontrer un amour égal : "je t'aime exactement comme ta soeur"
montrer à chaque enfant que vous l'aimez de façon spéciale : " Il n'y a qu'un seul TOI dans le monde entier. Personne ne pourra jamais prendre ta place."
EnregistrerEnregistrer

Commentaires

  1. J'aime beaucoup la deuxième citation. Merci pour ton article! Il faudrait que je lise ce livre parce que les relations fraternelles ne sont pas un long fleuve tranquille ici (surtout depuis que Ouistiti ne se laisse plus faire)... Je n'ai pas lu leur 1er livre. Il faudrait peut-être que je commence par celui-là...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas besoin d'avoir lu le 1er livre, celui-ci se suffit à lui-même. Tu peux y aller les yeux fermés !

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Bébé : la méthode miracle pour faire venir le rot... son petit frère et son cousin (souvent ils viennent en famille)

1ère et 2ème grossesse : le jeu des 7 erreurs

Les paniers à trésor Montessori